La bourse ou la vie, le voleur vous laisse le choix. La femme exige les deux. (Loevan)

Ne serais-tu pas un peu en train de te dire qu’il faut que tu te méfies de cet homme, maintenant, Claryssa ? Malheureusement, si. Complètement, même. Les faits sont là, on a rien sans rien, et surtout, on n’offre pas sans attendre quelque chose en échange, c’est là ton éducation à toi. Alors forcément, quand il te propose sa main, que tu refuses pour te redresser, quand il vient même ramasser ton sabre pour pratiquement le remettre entre tes mains alors que, bon sang, qui lui dit que tu ne vas pas le récupérer pour lui en mettre un coup, hein ? Ta parole, ouais, sans doute. Mais ça, ça soulève une autre question : comment peut-il donner du crédit à ta parole ? Autant dire que tandis que tu viens finalement récupérer la dague, tu poses sur lui un bien étrange regard. « C’est votre boulot, non ? » Tu demandes, le nez plissé, comme si, vraiment, quelque chose continuait de t’échapper sans que tu ne parviennes à mettre le doigt dessus. C’est un Chevalier, il est au service de ce pays, tu as volé, et il le sait, et puis, tu l’as attaqué, en somme, il avait toutes les raisons du monde de s’en prendre à toi …

T’es armes rangées, et hors de vue de n’importe qui maintenant, tu finis par soupirer. Visiblement, il n’a toujours pas compris à qui il avait à faire et pour le coup tu ne sais pas si t’arranges ou si ça te déranges. « Je ne fais pas de beaux combats … je ne suis pas vous ou vos amis Chevaliers, je me bats pour ma propre cause et elle est loin d’être honorable, croyez-moi. » Et puis, il est probable que l’issue n’aurait assurément pas été la même si tu avais été en forme aujourd’hui, déjà, tu n’aurais pas définitivement pas abandonner, et tu ne lui aurais rien céder … même pour sa soudaine sollicitude et cette presque forme de … douceur qu’il avait pu manifester envers toi.

Tu es sur le point de fuir à nouveau, finalement, bien que tu demandes carrément une autorisation avant de te détourner. Mais encore une fois, Clary, se bon Chevalier vient te prendre par surprise. Tu as déjà refusé d’être soignée, voilà qu’il te propose de partager son repas et pour ça en particulier … c’est ton estomac qui se manifeste dans un bruit caractéristique et une crampe douloureuse. Tu as faim. Ça, c’est une réalité. « Vous êtes un bien étrange personnage, Chevalier Loevan. » Un repas contre ton nom, voilà un marché qui, de ton point de vue n’en vaut assurément pas la chandelle mais, soit, finalement, tu seras celle qui en ressort gagnante, non ? « Clary. » Tu lui offres, tout en sachant qu’il ne s’agit même pas de ton prénom au complet mais est-ce si grave quand on sait que c’est ainsi que tu te fais appelée la plupart du temps ? En tout cas, tu en es encore à te demander où se situe le piège dans tout ça. « Si vous faites ça pour tenter de me séduire … rappelez-vous que je sais où frapper. » Tu finis par le mettre en garde en lui désignant son entrejambe d’un geste, pour lui rappeler que ton genou a déjà du s’y frayer un chemin douloureux.

« Notre boulot c’est de protéger le Royaume, ce qui veut dire aussi ses habitants. Croyez-moi, mais si on tuait tous ceux qui volent, encore plus en cette sombre période, il n’y aurait plus beaucoup de sujets. »

C’est ton avis, en tout cas. Tu n’as jamais été quelqu’un de très dur sur les mauvais actes des gens, et même si tu interviens, si tu ne laisses pas passer certaines choses, et bien tu viens aussi peser la gravité des actes et de la situation. Ceci dit, tu te gardes bien de le lui dire, parce que tu n’as pas envie de subir encore une fois ses remarques sur les chevaliers. Tu ne sais pas qui elle est, mais tu sens clairement qu’elle ne vous apprécie pas.

« Très bien, alors nous ne nous re-battrons pas. Et tu sais quoi, Loevan ? Et bien voilà que tu arrives à étirer tes lèvres sur un sourire moqueur. J’aurais pu pourtant vous aider à vous renforcer et inversement. Mais j’imagine que les voleurs ne sont pas du genre à s’entraîner, alors ? »

Et tu es un peu piquant, c’est vrai, mais tu ne peux pas t’en empêcher. Si, au final, tu apprécies cette confrontation, il y a surement un peu de frustration au fond de toi qu’elle n’en pense pas autant, qu’elle que soit sa cause peu honorable. D’ailleurs à bien y réfléchir, tu n’as pas envie de savoir ce qu’elle serre, hein. Tu préfères simplement passer ton chemin que devoir véritablement l’enfermer en prison.

Ceci dit, maintenant que vous êtes prêt à bouger, tu la laisses te faire remarquer que tu es étrange, puis t’offrir son nom. Et tu es sur le point de répéter son prénom, comme pour bien l’inscrire en toi, quand elle articule une menace qui te fait secouer la tête et lever les yeux au ciel.

« Je ne séduis pas les voleuses, désolé pour vous. Maintenant, cessez vos bêtises et allons-y, il y a une auberge pas loin qui sert un ragoût délicieux. Un repas chaud, c’est tout ce que je veux de vous, Clary. »

Et te voilà donc à l’entraîner dans ton pas rapide, sans même regarder par-dessus ton épaule qu’elle te suit bien. Ce n’est qu’en arrivant à l’auberge que tu viens ouvrir la porte, et la lui tenir ouverte dans une galanterie qui vient clairement de ton éducation.

« Après vous, mademoiselle. Que tu viens lui dire avec une légère courbette mais surtout un grand sourire moqueur. Vous savez, on peut vous traiter avec respect sans chercher à vous approcher de cette manière. J’en suis à me demander si les voleurs sont des goujats aussi. Tu finis par refermer la porte derrière vous et l’entrainer à une table vide. Ceci dit, au choix, vous devriez me choisir moi qu’un homme qui vous veut de force. »

En fait, il est là, ton problème, Clary : tu ne comprends pas. Tu n’es pourtant pas stupide, bien loin de là. Tu vois, mine de rien, l’homme qui t’as recueillie était un homme éduqué, un ancien noble qui en avait eu marre de sa vie si pauvre d’aventures et qui avait un beau jour abandonner femme et enfants pour claquer ce qu’il pouvait lui rester d’or en poche avant d’acheter un galion pour prendre la mer. Il s’était détaché de tout, mais quand il t’avait découverte, toi, ce tout petit bébé à peine en vie, enroulée dans une couverture sale et pleine de trous, il avait eu envie de prendre soin de toi et il t’avait donné toutes les cartes pour mener une vie enrichissante. De l’éducation ? Tu en as. Elle n’est pas celle, stricte et ordonnée que l’on donne aux jeunes filles, certes, mais quand tu y mets les formes et les efforts, contrairement à bien des croyances, tu sais te tenir en société. En revanche, ma fille, il y a des choses qu’il a oublié de t’enseigner, peut-être trouvait-il ça inutile ? Peut-être était-ce qu’il ne voulait pas de ça pour toi … Dans tous les cas, ça manque à ton éventail de talents, et ça se voit parce que face au revirement de comportement de ce Chevalier, tu te trouves largement déstabilisée.

Et c’est là qu’est le problème. Si un homme se montre subitement trop … avenant et gentillet envers une femme, c’est qu’il veut la jeter sur sa couche. C’est l’un des principes de ton éducation et depuis des années, tu évites d’être de ces femmes que l’on retourne sur un matelas de paille de salle qualité pour la baiser et l’abandonner. C’est probablement ce qu’à fait ta mère, et le résultat ? C’est toi. Pas étonnant que tu prennes les devants pour le prévenir et pourtant, il vient presque te rire au nez, tu vois. « Détrompez-vous, le vol est tout un art dont il faut apprendre les ficelles et entretenir les compétences. Cela dit, vous me voyez ravie que les voleuses ne trouvent guère grâce à vos yeux … je n’aurais pas aimé éconduire trop brutalement un homme qui m’offre généreusement de quoi me remplir la panse. » D’autant qu’actuellement, l’entièreté de tes pensées ne tournent plus qu’autour de ce ragout bien chaud dont il vient d’oser de te parler …

Tu lui emboites le pas, gardant une certaine distance et surtout, observant sans cesse autour de toi comme si à chaque seconde, tu craignais une attaque des plus sournoises. Comme quoi, il t’a peut-être accordé sa confiance mais toi, il est dans ta nature de continuer d’être méfiante. Tu lui lances même un drôle de regard, un peu moqueur et dépité, lorsqu’il vient te tenir la porte … ce genre d’attention, ce n’est pas pour toi, mais pour les dames et pourtant, tu choisis de ne pas piper mot et de jouer la comédie. « Contentez vous de Clary, ou je me ferais un plaisir de vous renvoyer la balle … Monseigneur. » C’est ça, énerve-le à nouveau, au moins, ici, dans une auberge, une nouvelle joute pourrait bien donner quelque chose d’amusant. « Les voleurs, sont des voleurs, si l’un d’eux essaie de vous séduire, c’est qu’il cherche à vous détrousser, n’oubliez pas cette leçon, Chevalier. »

Tu viens finalement prendre place, à la table qu’il a lui-même choisi, retenant ta cape pour éviter de dévoiler ton sabre – c’est mal vu, une femme armée – tu souffles alors que ton estomac grogne sous les odeurs alléchantes de nourriture. Etonnant, de trouver encore une auberge ouverte et fonctionnelle … elle ne tiendra plus bien longtemps, voilà le fond de ta pensée. « Vous choisir vous … » Tu répètes, au bout d’un moment, repassant ses paroles précédentes. « Vous choisir pour quoi exactement ? » Ouais parce que du coup, il est certain qu’il te perd avec cette remarque, et toi, tu te mets à le fixer d’une drôle de manière. « Vous devez pourtant avoir des dizaines de prétendantes, non ? Enfin … vous deviez. » Oui, parce que, forcément, maintenant, c’est sans doute bien plus compliqué.

Tu as un ricanement quand elle parle de t’éconduire. Honnêtement Loevan, tu es plus du genre à dire que c’est toi qui repousse les femmes, pas les femmes qui te repoussent. Mais ça, tu vois comme tout le reste, c’est surtout que tu as un sale caractère et que tu acceptes mal de ne pas être en contrôle total de toutes les faces de ton existence. Du coup, sans le relever, bien qu’elle parle aussi de cette aptitude de vol qui devrait sacrément te faire tiquer, tu l’entraines jusqu’à l’auberge et tu as même le culot de lui ouvrir puis tenir la porte.

« Très bien, je me contenterai de Clary. Ca donne l’illusion d’une proximité vous ne trouvez pas ? Tu la provoques avec un grand et beau sourire. Et merci pour la leçon, mais je ne compte pas laisser qui que ce soit me détrousser. »

Et là, mon vieux, tu omets un peu de dire que ça a déjà été le cas pourtant. Parce que ce bijou de famille, on te la pris il y a quelques mois et en plus d’avoir provoqué ta rage, tu le portes comme une honte. Sans penser plus longtemps à ce bien perdu, tu finis par entrer dans l’auberge et l’entrainer avec toi. Dès que tu trouves une table calme et vide, tu t’y assieds, en revenant la piquer, pour voir comment elle va réagir.

« Anabella ! Que tu claques, quand la serveuse passe, et ta main s’enroule à son poignet pour l’attirer vers vous avec un de tes sourires charmants. Tu nous mets deux ragouts et du pain ? Et quand la jeune femme se détourne en rougissant, tu ramènes tes yeux à ton adversaire. Pour faire un bon époux, pardi ! Que tu claques en éclatant de rire. »

S’il y a bien un chevalier parmi tous qui n’a pas envie de se marier, encore moins d’avoir d’enfants, c’est toi. Tu n’as pas apprécié la manière dont tu es entré dans l’ordre et tu as décidé rapidement de ne tout simplement jamais infliger ça à un enfant de ton sang et de ta chaire.

« Des dizaines, je n’irais pas jusque-là, mais aucune n’a retenue mon attention. Et ton sourire s’étire en coin, alors que tu te penches un peu en avant, vers elle. Aucune ne savait croiser le fer comme vous. »

Et bon, reconnaissons-le, quand même, tu es sacrément chiant quand tu t’y mets...

Non mais, Clary. Est-ce que par hasard, à un moment donné, tu aurais cogné un peu trop fort sur sa tête ? Tu n’en as pas le souvenir, pourtant, cependant, il est évident que cet homme devient de plus en plus étrange. Tu devrais apparaitre comme une criminelle à ses yeux, et si tu pensais que tu lui avais un peu fait pitié – toi, tu t’en fiches, hein, du moment que ça te rapporte quelque chose, la pensée des autres et ton image importent peu – voilà qu’il … vire de bord à nouveau. Tu le vois, essayer de te titiller, ou de te provoquer avec quelques remarques, et si tu ne te laisses pas si facilement prendre au jeu, quand tu remarques son petit jeu avec la serveuse de l’auberge, tu ne peux décemment pas t’empêcher de lever les yeux au ciel parce que, bon sang, tu as l’impression d’avoir sous les yeux un cliché ambulant et toi, ça t’agace. Le pire, c’est que cette idiote de serveuse s’échappe de là complètement rougissante, et tu comprends à quel point un tel comportement peut, de toute évidence, plaire à certaines femmes … Déplorable, n’est-ce pas ?

C’est finalement un questionnement qui t’échappe, sur l’une de ses remarques que tu sembles ne pas avoir comprise du tout, et franchement, quand il vient donner la réponse, tu ne peux même pas t’empêcher de juste … lui rire au nez. « Un époux. Ai-je réellement une tête à avoir besoin d’un quelconque mari ? » Et puis surtout, Clary, as-tu réellement le profil d’une femme qui ferait une bonne épouse, quand on sait que la définition de ça est probablement une femme sachant tenir un logis, et pondre des enfants ? Non. Vraiment. Non. Et du coup, tu recules un peu sur ta chaise, tu croises même les bras sur ta poitrine, parce que … ça t’étonnes, hein, de le voir sortir ce genre de petit jeu face à toi. Le problème, ma grande, c’est que tu n’es pas du tout au bout de tes peines, visiblement, avec lui.

Parce que, oui. Il continue, et alors qu’il se targue d’avoir tout de même eu quelques prétendantes à ses pieds, il vient surtout t’annoncer qu’aucune n’a su trouver grâce à ses yeux. Et en fait, tu t’apprêtes à lui envoyer quelque chose dans le nez, une remarque, une moquerie, sauf qu’il te prend de vitesse en venant ajouter quelques mots de plus, tout en se penchant dans ta direction, au-dessus de la table. Et tu sais quoi ? C’est qu’il réussi à te déstabiliser, d’une certaine façon, le bougre, il y a même un étrange sourire qui passe sur ton visage avant de juste … se volatiliser et là, tu te penches à ton tour, dans sa direction, dans la même position que lui, au-dessus de la table. « Ça, c’est parce que vous ne cherchez pas au bon endroit … » C’est que la Capitale n’est pas réputée pour ses femmes fortes mais plutôt pour ses belles filles de la noblesse, et ça, tu le sais. Tout autant qu’il le doit le savoir, d’ailleurs. « Vous devriez jeter un œil du côté de chez moi, je suis certaine que vous trouverez votre bonheur … si l’une d’elles accepte que vous l’approchiez. » Et tu poses sur lui un regard qui semble vouloir dire qu’il n’a aucune chance, mais encore une fois, c’est une preuve que tu sais jouer la comédie, Clary, parce que tu en penses tout le contraire. Probablement qu’un homme comme lui ferait fureur à Nilanvant, elles finiraient toutes par se battre pour obtenir l’un de ses regards bleutés.

Tu finis par reculer, parce que la serveuse vient déposer les ragouts et deux morceaux de pain sur la table, et tu soupires, avant de te pencher sur ton plat qui sent agréablement bon. « Vous êtes sacrément bizarre, vous … je croyais que les hommes du coin étaient du genre à aimer les belles femmes qui savent se taire. Je suis loin de cette attente. Remballez vos discours. » Parce que tu ne sais absolument pas te taire, ça, c’est un fait.

T’es vraiment le pire, Loevan, parce que tu ne trembles ou ne rougis même pas lorsque tu lui parles d’époux. Tu ne te vois pas marié, c’est un fait oui, mais si tu devrais le faire, tu préfèrerais que ce soit avec une femme qui a son caractère et sa force. En faite, si tu aimes les femmes, si tu peux leur tourner autour ou céder aux avances de certaines, tu as besoin d’une personne capable de te challenger pour être heureux. Une épouse qui se plie à toutes tes volontés, ça ne t’intéresse nullement.

« Avoir besoin, non loin de là. Et tu vois, ta confiance en toi ne s’effrite même pas d’un pourcent, alors que tu maintiens ce sourire absolument horripilant, tu t’en doutes. Mais vous pourriez en vouloir un tout de même. C’est toujours meilleur de passer le temps à deux. »

Tu es parfaitement chiant, c’est un fait. Après le départ de la serveuse, tu lui livres la vérité sur toi. En tant que chevalier, il est certain que tu as eu un peu de succès tout de même, ne nous mentons pas. Par contre, de là à trouver une femme qui te plaise, ce serait un miracle. Tu es bien trop difficile, bien trop incertain dans ce que tu veux, et affreusement sûr de toi dans ce que tu ne veux pas, que tu n’as cédé à aucune, malgré ton âge.

« Ah oui ? Ceci dit, si toutes les femmes, par chez vous, on votre répondant et votre mordant, je pense que j’aurais découvert le paradis. Tu es toujours extatique, et quand la serveuse finit par revenir avec les repas, tu lui offres un joli sourire, avant de revenir à Clary. D’où venez-vous au juste ? »

Tu n’attends pas de souhaiter un bon appétit pour carrément attaquer ton repas avec faim. Combattre ça creuse l’estomac, voilà ce que tu penses. Quoi qu’il en soit, tu as le temps d’avaler quelques bouchées en soufflant dessus, et d’attraper la carafe d’autre pour vous servir quand sa remarque te fais secouer la tête. Tu deviens sacrement plus sérieux, d’ailleurs, tes yeux plantés dans les siens.

« Sûrement qu’ils aiment ça, mais je ne suis pas tout le monde. Et c’est bien parce que vous êtes éloignés de ce type que je vous proposais de vous épouser, quoique ce soit un peu rapide. Un sourire revient ourler tes lèvres. Mais qui sait, vous êtes peut-être déjà promise à quelqu’un, là d’où vous venez ? D’ailleurs, que faites-vous dans la Capitale, puisque vous ne venez visiblement pas d’ici ? »

Et tu devrais t’inquiéter, un peu au moins, parce que tu ne t’intéresses que bien peux aux autres habituellement.

Tu ne peux même pas t’empêcher de sourire. Et ce n’est même pas un sourire attendri ou charmé, hein, non loin de là, tu continues très certainement d’être un peu moqueuse face à ses provocations et à son culot, parce qu’il faut avouer qu’il semble en avoir une bonne dose, de culot, justement. « Je suis loin d’être seule, il y a … beaucoup d’hommes qui m’accompagnent, au quotidien. » Et le pire ? Ce n’est absolument pas un mensonge, parce que tu en as un équipage entier. Des hommes. Des femmes. Tu n’as évidemment jamais laissé l’un d’eux te toucher, ou t’approcher de trop près mais tu choisis de ne pas parler de cet aspect.

« Le paradis, rien que ça … » Tu marmonnes, parce que, franchement, hein, tu as beau être fière de tes origines, tu n’es pas assez idiote pour affirmer que Nilanvant est un paradis. A une époque, c’était même un sacré coupe-gorge, en vérité, et par endroit, il est certain que ça l’est encore, ne nous le cachons pas. « Nilanvant. » Tu finis par le dire. Non. Le claquer, comme si ça pouvait définitivement mettre fin à ses divagations en même que briser ses espoirs parce que, ouais, non, si certaines femmes sont certes des pirates redoutables, d’autres sont bien plus misérables. Nilanvant, c’est surtout le repère des femmes faciles qui ouvrent un peu trop facilement leurs cuisses à ton goût … le passe-temps des pirates de retour à terre après un long séjour en mer. Dégoûtant, à tes yeux. Normal pour la plupart, cela dit.

Tout comme lui, tu finis par attaquer ton repas, tu n’as rien d’une femme pleine de manières, encore une fois, tu as faim, alors tu manges, ou plutôt, tu dévores à une vitesse ahurissante parce que tu n’attendais que ça, et ça te sembles être un véritable festin tant le goût de la nourriture commençait à sacrément te manquer. « Un peu seulement ? » Tu viens soulever, parce que, franchement, tu sais bien qu’il est de coutume pour certains hommes d’épouser une femme sans même la connaître, juste pour s’en servir de poule pondeuse afin d’avoir des héritiers mais, toi, ce n’est assurément pas ta tasse de rhum. Déjà, tu n’es pas certaine de vouloir des enfants un jour, tu n’es probablement pas faite pour assurer le rôle d’une mère, ce serait un bel échec, tu finirais probablement détestée de ta progéniture. « Promise ? » Et encore une fois, tu échappes un rire. Un rire bien amer, cette fois, parce que tu détestes ça. « Le jour où j’accorderais mon corps à un homme, ce sera parce que je l’ai choisi moi-même. Je tiens à ma liberté, je n’appartiens qu’à moi-même. » Tu as toujours pensé que c’était ton avantage, Clary, pouvoir te permettre d’avoir le choix. « Je travaille. Il faut bien gagner son pain. » Et tu sais quoi, tu as de nouveau un sourire bien étrange sur les lèvres, maintenant, à cette référence, à ce pain, que tu ne gagnes pas très honnêtement dans tous les cas. « Disons que je fais du commerce. » Ouais. Tu voles, et tu revends. C’est du commerce. « Puisque vous êtes d’ici, ne connaitriez vous pas un homme susceptible d’acheter un bijou à un bon prix ? Ces histoires de rats … ça tue les affaires. » Que tu as même le culot de demander, tout en te remettant à manger, plus doucement cette fois-ci.

Tu tiques légèrement quand elle parle du fait qu’elle est visiblement entourée d’hommes. Ceci dit, Loevan, ce n’est pas ce qui t’empêchera de lui tourner autour ou de l’obtenir, si c’était ce que tu veux. Au contraire en faite, tu serais sûrement ravi de pouvoir te confronter à des idiots et des faibles, que tu mettrais dans la panade pour briller plus encore à ses yeux. Tu es un compétiteur, oui, mais un compétiteur intelligent. Tu es bien conscient que peu d’hommes peuvent rivaliser avec un Chevalier, que ce soit en prestance ou en combat.

« Nilanvant ?! Tu répètes, et cette fois-ci tu es sincèrement surpris de sa réponse. Vous n’avez pourtant pas l’air d’une de ces filles de joies qui peuplent les ports et les bars du pays. Tes pensées s’éloignent et tu finis par rajouter, un peu idiotement. Et Wirdan ne m’a jamais parlé de pirate femme. Vous êtes quoi au juste ? Une voleuse ou l’une de ces pirates qui s’est perdue sur la terre ferme finalement ? »

Voilà que tu es un peu plus piquant, parce que tu ne sais pas vraiment comment prendre sa réponse. Tu l’imaginais certes pas dans des coups très légaux, mais pirate… ça pourrait changer tes plans, si tu était vraiment accroché à la légalité de ses actions. Il ne te faut pourtant que quelques minutes pour te rendre compte que tu n’en as rien à faire cependant.

« Un peu oui. Je ne suis pas vraiment attacher aux conventions, j’épouserai qui je le veux dans le temps qui me sied. Tu finis par lui répondre avec un sourire. »

Et franchement, Loevan, la suite de sa réponse t’intéresse bien plus. Elle n’offre pas son corps aux hommes qui l’approche, voilà qui te plait, c’est certains. Tout comme, plutôt que de prendre cette information pour ce qu’elle est : une explication et une mise en garde, toi tu décides de le prendre comme un défi. Elle ne le sait pas encore, mais tu es en train de te mettre en tête une très mauvaise idée.

Tu te gardes bien de le lui dire, cependant. Tes yeux accrochés à elle, avec cet éclat qui ferait dire à tes collègues de l’Ordre que tu prépares un mauvais coup ou que tu avs te fourrer dans un mauvais coup en tout cas, tu continues ton repas jusqu’à l’entendre parler business et tu hausses les épaules.

« Ca dépend du bijou en question. J’ai quelques connaissances qui sont toujours partants pour acheter des bijoux qui en valent le coup. Et tu lui souris. Si vous me le vendez bien, et que vous vous montrez convaincante, je pourrais moi-même l’acheter, peut-être. »

Et bon sang que tu es insupportable quand tu le veux. Mais tu as envie de la pousser dans ses retranchements pour voir comment elle va réagir. Mieux, tu veux lui mettre de l’argent sous le nez pour lui donner envie de trouver de quoi te convaincre. Tu es curieux de voir par quel moyen elle le fera.

« A moins que je ne sois trop difficile à convaincre pour vous, bien entendu. »

Ah, tu vois, Clary, l’endroit d’où tu viens fait clairement son petit effet, tu le vois. Il est surpris, c’est un fait, et évidemment, les préjugés sur Riveclair tombent immédiatement sans que tu ne prennes le temps de t’en offusquer puisque bon, ils sont globalement tous vrais, quand on y pense. En fait, Clary, tu l’écoutes, et ta première réflexion, ou plutôt question n’est probablement pas celle à laquelle on pourrait s’attendre. « Wirdan … n’est-ce pas le Chevalier originaire de mon pays ? » Oh, les gens de Riveclair en parlent, parfois, néanmoins, si pour certains, c’est une fierté d’avoir un homme de leur pays parmi les Chevaliers du Royaume, pour la plupart, c’est peu intéressant, surtout du côté de Nilanvant. Tu ne doutes pas, par exemple, que les gens de Ruderoc soient assurément fiers de ça mais chez toi, les mentalités fonctionnent autrement. « Ça existe pourtant, je peux vous l’assurer. » Tu finis par ajouter, en venant grignoter une pomme de terre qui flottait tranquillement dans ton bol de ragout. « Voleuse. Pirate. Les deux me vont. Capitaine, aussi. » Et ça, clairement, tu ne vas pas manquer de le stipuler quand bien même c’est une information que, peut-être, tu devrais plutôt garder pour toi pour préserver un peu de mystère parce que, ouais, Clary, c’est ce que tu es, déjà, jusqu’au bout des ongles, maintenant, et surtout, c’est ta grande fierté d’avoir su hériter correctement du Fortune.

Et si tu te sens obligée de lui faire savoir que tu n’es pas femme qu’un homme peut prendre pour épouse sans un consentement préalable et une envie de ta part de changer de vie, il vient de son côté t’apprendre qu’il n’est pas non plus du genre à épouser n’importe qui pour flatter les conventions. Ça te tire un sourire, mine de rien, toi qui es si attachée au principe même de la liberté et du libre arbitre, tu ne peux que te ranger du côté de ceux qui osent assurément faire les choses à contrecourant. Par contre, Claryssa, ça ne t’empêche pas le moins du monde de venir jouer de provocation à ton tour, juste pour … voir. Alors, oui, c’est sans pression que tu tentes de te servir de lui, un valeureux et si précieux Chevalier de la couronne pour te faire de l’or sur des bijoux que tu as dérober aux nobles adeptes des grandes fêtes qui, il n’y a pas encore si longtemps, étaient données par le Roi et sa famille. En fait, Clary, tu te dis juste que si tu peux vendre cette Chevalière, tu pourras rentrer avec ton butin à Nilanvant et ce, sans regrets.

« Une bague. » Tu lâches subitement, tout en mangeant tranquillement, et en laissant ton regard flotter sur lui, comme si tu cherchais à guetter ses réactions. « Taillée pour un homme, assurément, de bonne facture … un bijou magnifique. » Peut-être pour ça que tu as tant de mal à t’en séparer, aussi, tu la trouves sacrément belle, bien réalisée. « Elle vaut le coup, croyez-moi sur parole. » Parce que forcément, tu refuses catégoriquement de la sortir de là où elle se trouve, à savoir précieusement accrochée à un cordon noir noué autour de ton cou et pendouillant contre ta poitrine.

Tu finis par bien vite reposer ta cuillère de bois, cependant, pour venir te pencher sur la table, et le fixer de tes yeux légèrement plissés. « Un défi ? Quand on lance un défi c’est qu’on espère en tirer quelque chose. » Tu fais remarquer, et franchement, toi, Claryssa, tu n’es absolument pas du genre à passer des heures et des heures à fouiner pour trouver les intentions des gens. « Dîtes moi ce que vous voulez en échange, ce sera bien plus simple et plus rapide, non ? Moi, je suis prête à tout. »